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L'Eternité

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MessageSujet: L'Eternité   L'Eternité EmptySam 18 Mar - 11:53


L'Eternité
[url=http]COMMENTAIRES[/url]

Quand on est jeune on est insouciant, on aime rencontrer du monde, on partage. Pourtant votre mère vous a dit de faire attention pas vrai ? Elle vous a mis en garde contre la haute société mais vous n'avez pas écouté. Alors c'est un soir ou vous échangez avec cette personne en particulier et dès cet instant votre vie vole en éclat. Vous découvrez un monde sombre, un monde cruel...

+ genre & sous-genre :fantastique, romance
+ public : -18
+ avertissements : scènes de violence et de sexe
+ autres précisions : Ceci est ma deuxième histoire sur le forum ! Elle est un peu plus travaillé que ma fanfiction au niveau du style et j'espère qu'elle vous plaira tout autant.
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MessageSujet: Epilogue   L'Eternité EmptySam 18 Mar - 11:55






Les Kingsley, famille britannique réputée, étaient venu s’installer à Séoul sur le tard. Le père Kingsley était un homme brave qui a force de gravir les échelons avait atteint le poste d’ambassadeur. Ce fut donc dès sa nomination en 1997 qu’il s’installait dans la capitale coréenne, précédé par sa femme et ses enfants. A peine arrivé leur popularité semblait avoir déjà atteint son apogée. Ainsi les Kingsley s’implantèrent dans ce nouveau monde.

Les membres de cette joyeuse compagnie étaient au nombre de sept, les parents suivis de leurs cinq enfants. Gina, femme de sang italien, était la maîtresse de maison. Son mari, Edgar, la laissait diriger selon son envie et lui signifiait son amour de la meilleure des façons en dépit de ces absences. Quant à leur progénitures Rick, Lucia, Jim, Henry et la  benjamine encore innocente Bonnie, ils semblaient  grandir dans un environnement plus que favorisé. La richesse, l’opulence ainsi que l’enseignement de choix dont ils disposaient suffisaient à donner une idée sur la famille en elle-même. Pourtant ces enfants demeuraient polies, souriants et généreux.




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MessageSujet: L'Eternité - Chapitre 1   L'Eternité EmptySam 18 Mar - 16:19


Chapitre 1 : Attention à toi

Année 2017

Bonnie était d’une nature joyeuse aujourd’hui. La chaleur prenait place à la suite d’un hiver rude qui avait fortement déplu à la jeune fille. Le soleil dorait le béton armé de la rue tandis qu’elle s’abritait sous son ombrelle. De son pas joyeux elle avança gaiement en direction de sa maison située en plein cœur de Gangnam. Les bords de la rivière Han scintillaient si agréablement sous les rayons lumineux que Bonnie se laissa distraire l’espace d’un instant pour observer les jeux de reflets à la surface de l’eau. Un sourire anima son visage jusqu’ici si paisible, elle rêvait déjà à l’été et sa chaleur écrasante. Qu’importe ! Elle, ayant toujours froid, appréciait cette brûlure aérienne que créaient les températures de la période de la mousson durant les mois chauds de l’année. Rêvassant toujours, Bonnie fit tournoyer son ombrelle entre ses doigts. La vie semblait si tranquille ces derniers temps qu’elle éprouvait un profond ennui. Oui, elle s’ennuyait et ce vide grandissant en elle lui déplaisait un peu plus chaque jour.
Voulant chasser cette idée de son esprit elle secoua sa tête avec énergie pour retourner à sa marche. Il fallait accélérer le pas, la faim elle aussi ne cessait de croître. Le ventre de la jeune promeneuse se manifesta bruyamment alors qu’elle tentait d’estimer la distance la séparant de chez elle, c’était bien trop long.
Avec une volonté de fer Bonnie gagnait la maison à la hâte. Dès qu’elle eut passé le pas de la porte elle expédia son sac à l’autre bout du corridor pour finalement sprinter jusqu’à la cuisine où sa mère l’attendait déjà, le repas à la main.

- Dépêches toi ! Tu n’as pas manger ce matin, je t’avais prévenu.

La madone n’était manifestement pas contente du comportement de sa fille et tentait de lui faire savoir sur un ton légèrement sec. Manger dans la culture italienne était une base plus qu’importante et autant vous dire que Gina avait cette rigueur de nourrir ses enfants comme la plus part des mères du sud. Affamée, Bonnie saisit son déjeuner avec rapidité.

- Je sais, désolé maman.

Suite aux excuses qu’elle venait de présenter Bonnie mangea avec appétit son repas. Quel soulagement !

- C’était moins une pas vrai ? Demanda Gina en observant la jeune adulte.
- Non non,  juste j’avais faim.
- Il faut que tu manges correctement mon cœur. Dieu seul sait ce qui pourrait arriver un jour si tu n’es pas rigoureuse dans tes repas.


Un silence pesant s’installait tandis que Gina farfouillait de nouveau dans le frigo. Bonnie, muette, regardait la cascade de cheveux noirs retombé sur les épaules dénudés de sa mère. Elle savait pertinemment que celle-ci avait raison. La santé n’était pas la chose la plus solide chez les Kingsley, loupé ne serait-ce qu’un seul repas pourrait mener à une catastrophe sans précédent. Elle soupira avec lassitude en rencontrant le regard désapprobateur de sa mère.
Les bras harmonieusement bronzé de Gina entourèrent les épaules tremblantes de son enfant.  Un baiser tendre sur le coin du front et ce furtif « je t’aime » qui à lui seul soigne toute tristesse ou remords. Bonnie souriait à nouveau, elle caressa la peau doré du bout des doigts avant de quitter le comptoir de la cuisine américaine.

- Papa n’est pas là ? Interrogea Bonnie en récupérant son sac gisant pitoyablement contre le sol.
- Non, ton père organise le gala de demain soir je te rappelle !


Edgar Kingsley organisait chaque année une splendide soirée pour rencontrer les plus brillantes des jeunes entreprises sud-coréenne. Cet évènement gagnait  en popularité, désormais on se pressait pour figurer sur la liste des invités.
Effectivement Bonnie avait oublié ce détail et elle acquiesça doucement alors que sa mère agitait le prospectus publicitaire sous son nez.

- Je te signale que tu viens d’ailleurs ! Dit Gina en affichant un sourire moqueur.
- Oh pitié ! Maman !
- Voyons tu es l’argument de poids de ton père. Tout le monde veut te voir et puis jusqu’ici il ne t’a rien demandé. Tu peux au moins lui accorder ça.


Soupire de lassitude, la demoiselle était exaspérée de cette obligation mais en effet elle n’était pas en mesure de refuser quoi que ce soit à son papa chéri. Tout en tournant le dos à sa figure maternelle elle réfléchissait déjà à la tenue qu’elle allait devoir porter.

- D’accord, je viens. Par contre j’ai besoin d’une robe !


Voyant l’entourloupe arrivé Gina retint un sourire. Sa fille était douée pour obtenir ce qu’elle voulait, elle ne pouvait pas le nier. Bien heureusement la mère avisée avait pensé à tout.

- C’est sur la table du salon. Je me douterais de ta réclamation ! Demande à Lucia de t’accompagne.
- Ouais ouais, j’y penserais ne t’en fais pas.


En vérité Bonnie mentait, elle voulait simplement une tenue alors à quoi bon embêter sa sœur avec ça ? Non, ce n’était pas une bonne idée d’autant plus que leur relation ne pouvait être qualifiée de paisible ou même de véritablement agréable. Elles se chamaillaient sans cesse, pour un oui, pour un non.
C’est en réfléchissant à tout ça que Bonnie atteignit finalement son sanctuaire : sa chambre. De nouveau son tote bag glissait au sol pour mieux s’aplatir. La jeune fille fit de même sur son lit. Son corps aux proportions plaisantes ondulait sur les draps froissés. Elle se mouvait délicatement dans ce refuge de satin qu’elle appréciait tant ; c’était si doux, si confortable que elle ne parvenait pas à s’en lasser.
Ses narines se noyèrent dans le parfum de son oreiller duveteux. Un instant elle ferma les yeux. Elle n’avait nullement envie de se faire saucissonner dans une robe, de prendre des petits fours ou même de se forcer à sourire face à tous ces inconnus. Non, cette idée de folle soirée ne l’enchantait pas et Bonnie avait beau retourné le problème dans tous les sens elle se sentait profondément irrité. Second soupire filant entre ses lèvres.

Il lui fallut pourtant se lever. Son corps était lourd, pesant plus que jamais et ce mal qui la rongeait devenait plus qu’insupportable. Il était là, insidieux mais grandissant. Il gagnait du terrain et il l’éloignait de sa vie d’enfant devenant adulte. Bonnie avait désormais bientôt la vingtaine, les jours défilant sous ses yeux la rapprochaient de son sort inévitable.
En dépit de son abattement soudain et de ses membres douloureux Bonnie s’extirpa du moelleux cocon que formait son lit. Elle se planta finalement en face d’une immense armoire faite d’un bois sombre ; celle-ci semblait contenir au moins la vie de quatre ou cinq personnes vu sa largeur. De toute façon chez les Kingsley on ne faisait jamais rien à moitié, si Bonnie avait refusé un dressing elle n’avait su s’opposer à un imposant mobilier de rangement.
Couches de vêtements multiples, tee-shirts entassés, pantalons un peu fripés et chaussettes dépareillés s’amalgamaient dans cette penderie semblant donner sur Narnia. Les mains habiles mais néanmoins curieuse de Bonnie redécouvraient le moindre habit qui figurait dans ce meuble né d’un autre temps. Elle s’émerveillait en permanence à la vue de ses affaires mais une robe manquait. A quoi bon porter un simple slim et un tee-shirt usé dans un gala si fameux que celui de son père.
Les grands yeux verts vagabondèrent encore sur les tissus changeants. Rien ne convenait pour cette soirée mondaine. Bonnie avait beau chercher, se creuser la tête, elle ne demeurait pas convaincu. Les boutiques lui tendaient donc les bras et elle ne comptait pas se faire prier pour si peu.

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MessageSujet: L'Eternité - Chapitre 2    L'Eternité EmptySam 18 Mar - 16:35


Chapitre 2 :  Before Midnight

- Je suis prête.

Bonnie descendit les escaliers à la hâte. Ces nouveaux talons martelaient le sol d’une façon qui lui déplaisait mais elle n’y pouvait rien. Les marches défilaient jusqu’à ce qu’elle se retrouve face à face avec ces deux frères. Henry et Rick attendaient patiemment que tout le monde se regroupe dans le hall de l’entrée avant le grand départ. Ils pivotèrent d’un bloc pour découvrir la benjamine sous un nouveau jour ; elle était sublime. Cette robe courte d’un vert mint éclairait la silhouette si pure et pâle de la jeune fille. Sa coiffure simple dévoilait une nuque fine, un visage harmonieux et tant d’autres belles choses.

- Oh my… Tu es stunning ma Bo !

Cette manie de parler anglais ressortait parfois au sein de la famille Kingsley ; les vieilles habitudes ont la vie dure dit-on. Henry avait parlé avec un enthousiasme rare, il tendit la main pour mieux saisir celle de sa sœur. Ainsi il la fit tourner sur elle-même pour mieux contempler ce délectable spectacle.
Bonnie était véritablement séduisante. Elle avait ce charme de la jeunesse, ce petit nez droit et cette bouche à croquer qui faisait chavirer les cœurs. Il n’y avait pas besoin d’une tonne de maquillage, ni d’autres artifices pour qu’on mesure sa beauté ; il suffisait qu’elle soit elle-même pour conquérir n’importe quel jeune homme.  Une petite robe volant autour d’elle ne faisait qu’accentuer sa cambrure et ses jambes légèrement rondes sans que ce ne soit dans l’excès. L’habit était parfait.

- C’est vrai que tu es sensationnelle Bo ! S’exclama Rick en l’observant du coin de l’œil.

Alors que le duo ne cessait de complimenter Bonnie le couple parental fit son apparition. Gina resplendissait dans une robe d’un rouge éclatant ; son charme ressortait plus que jamais et la finesse de ces traits faisait écho à celle de sa seconde fille. Edgar vêtu d’un smoking des plus élégant tenait fermement le bras de son épouse en arborant un sourire ravi. Ils formaient un couple d’apparence opposé mais partageant une douceur commune. Lui, si anglais qu’on ne pouvait douter de ces origines, devait prendre place auprès d’une fille du soleil à la peau mate et aux boucles d’ébènes provocantes. Gina fit tournoyer sa crinière en souriant ; elle jeta un regard bienveillant en direction de leurs enfants avant de couper court à la conversation.

- Et moi alors ? Je ne suis pas jolie ?
- Bien sûr que si mama ! Tu es vraiment la plus belle tu sais. Soufflèrent en cœur les jeunes adultes.


Amusé de voir cette réaction commune, Edgar esquissa un sourire timide venant juste relever le coin de sa lèvre. Son regard d’un vert profond arpenta le couloir tandis qu’il agitait sa montre nerveusement. Le cadran suisse décorant son poignet affichait déjà vingt-une heure moins le quart.


- Où est Lucia ?  Demanda le chef de famille avec contrariété.
- Elle ne devrait pas tarder
.

Sa femme avait répondu sur un ton assuré lorsque la porte d’entrée s’ouvrit en grand sur une silhouette élancée. Essoufflée et quelques peu débraillé Lucia venait de faire une apparition fracassante. Bonnie ne s’étonnait nullement de l’état de sa sœur et elle ne put retenir un soupire. Elle n’aimait pas la vie de débauche que menait sa sœur, elle n’aimait pas ces manies d’être en retard et de ne rien respecter, ce n’était pas correct. Surtout ce soir.

- Désolé, je fais vite promis !
- Lucia ! Tu n’es même pas prête ?!


L’indignation du père Kingsley se fit sentir brutalement lorsqu’il s’exprima. Une pointe d’irritation s’ajouta vers la fin de sa phrase alors qu’il agitait la tête avec mécontentement.

- Non papa mais je le serais dans deux minutes !
- Trop tard, il nous faut partir pour accueillir les inviter tu nous rejoindras sur place.

Edgar fit volte-face en entraînant sa femme avec lui.

- Tu exagères. Soupira Gina en jetant un dernier coup d’œil à l’une des aînés.

Lucia pesta tout en filant avec rapidité au premier. Le petit trio resté derrière suivit les parents qui venaient de leur ouvrir la voie. Tout ce petit monde atteint une limousine d’un noir luisant  garé devant la villa. Ils y prirent chacun leur place et ainsi le trajet passa bien vite grâce aux sièges moelleux du véhicule.
Le gala allait se dérouler au sommet d’une tour des plus prestigieuses de Séoul. Le building scintillait d’une myriade de couleur qui émerveillait tous les passants et les invités dès qu’ils posaient un pied en dehors de leur voiture. La famille Kingsley n’eut pas le temps de se laisser séduire par ce spectacle et dû filer directement au dernier étage. Faire figure d’hôtes était de rigueur ce soir, tandis qu’ils prenaient place dans l’ascenseur gigantesque de l’immeuble de verre Edgar briefa tout le monde sur le rôle qu’ils avaient à tenir.

- Gina tu restes à mes côtés. Rick et henry je veux que vous discutiez avec de jeunes directeurs qui selon moi ont vraiment du potentiel….

Bonnie, elle, n’écoutait pas. Elle avait une soudaine envie de s’amuser ce soir, du haut de ces dix-huit ans elle rêvassait au buffet, aux personnes étant convier à la fête. Ecouter son père était donc une option qu’elle n’envisageait pas. Le regard dans le vide elle percevait les étages défilés lentement.

- Bonnie. Bonnie tu m’écoutes ?

La jeune fille releva la tête en direction de son interlocuteur. Son père la regardait d’un air embêté, ce n’était pas de l’énervement ou de l’agacement ; il avait juste peur que sa fille veuille partir.

- Oui papa, excuses moi.
- Il faut que tu sois très polie et que tu rencontres du monde ce soir. Je pense qu’il serait temps pour toi d’avoir des amis et de t’ouvrir au monde dans lequel tu vas évoluer plus tard. Tu me comprends n’est-ce pas ?


C’était toujours la même chanson. Bonnie acquiesçait tout en fuyant le regard compatissant de son père. Se faire des amis ? Broutilles non ?
Pourtant Bonnie n’osait s’opposer à ces maigres directives ; elle ressentait un manque profond et peut-être que ce soir tout changerait ? La beauté encore adolescente souriait pour mieux rassurer les mines pensives de ses parents.

- Je ferais de mon mieux papa.
- Nous voulons que tu t’amuses et que tu puisses vraiment t’épanouir ce soir. Je sais que ta santé est fragile et que nous t’en demandons beaucoup depuis longtemps mais c’est pour ton bien ma puce. Essaye de faire abstraction de tout ça ce soir et tout ira bien
.

Gina caressa d’une main froide la joue pâle de Bonnie. Elles échangèrent toutes deux un regard complice alors que l’ascenseur s’ouvrait enfin sur le dernier étage.
C’était un duplex disposant d’une terrasse à la vue saisissante. On pouvait voir l’imposante mégapole se profilé au-dessous de la haute bâtisse Crystal. Les serveurs et maids grouillaient comme des petites fourmis pour peaufiner les derniers préparatifs. Une fois que tout le monde eut quitté l’ascenseur Edgar fila donner les dernières directives laissant derrière lui sa petite famille incomplète.
Gina saisit le bras de Bonnie et s’éloigna des deux garçons qui bavardaient bruyamment.

- Tu as mangé correctement aujourd’hui ?
- Oui, je n’aurais pas faim ce soir si tout va bien.
- Au cas où tu sais que tu peux venir m’en parler. Ton père ou moi nous pourrions te raccompagner à la maison.
- Ce n’est pas utile maman. Je t’assure que j’ai pris mes précautions et qu’il n’y a aucune raison pour que je fasse une crise ce soir.
- Ma foi, si tu le dis. En tout cas le buffet est absolument parfait, méfies toi en.


Un rire anima la sublime italienne avant qu’elle ne le partage finalement avec sa fille. Les prunelles noirs de Gina plongèrent dans ceux de Bonnie.

- Il est temps pour toi de choisir quelqu’un. Tu le sais n’est-ce pas ?
- On en a déjà parler et je pense que je suis trop jeune pour tout ça maman !
- Bonnie écoutes-moi ! A force de t’entêter tu risques d’en souffrir. Il faut que tu sois stable pour que ton état s’améliore ! Ton père et moi on ne pourra pas toujours être présent pour toi. Tu as besoin de quelqu’un !
- Mais Lucia est seule et tu ne lui dis rien !
- Pour Lucia c’est différent.


Leurs pas les avaient menés tout droit vers la grande baie vitrée donnant sur le balcon orné d’une piscine d’un bleu lagon. Elles fixaient l’insondable silhouette de la ville tentaculaire sans se dire quoi que ce soit. La conversation était close.

- Je t’aime ma chérie.
- Je t’aime aussi maman.


L’éclairage doux de l’extérieur laissa illuminer le visage de Gina déposant un baiser sur le front inchangé de Bonnie. Bien vite elle disparut pour rejoindre son mari, laissant derrière elle son enfant dans une totale confusion.
Bonnie ne bougeait plus. Elle se perdait dans cette observation de la masse informe que créait les habitations la nuit. Elle voulait imprimer cette image sur sa rétine comme jamais ; ses yeux  ne clignaient quasiment plus tant et si bien qu’ils la brûlèrent légèrement pour manifester la fin de cette contemplation. Un cœur qui se soulevait sous le poids d’un soupir fatigué et les premiers invités qui investissaient les lieux au même instant. Toute cette populace qui allait arriver Bonnie la redoutait ; elle scrutait la foule et finit par apercevoir ses parents siégeant près de l’entrée pour mieux courtiser les nouveaux venus. Non loin de là, ses deux frères s’activaient déjà à discuter autour d’un verre avec plusieurs héritiers aux profils aisés.
La soirée promettait d’être longue. Dans un vif élan de regain d’énergie Bonnie s’élança finalement dans cette nuée humaine qui grossissait minute après minute.

Un verre à la main Bonnie se trouvait aux côtés de son père. Il avait tenu à lui présenter la famille Lee, autrement dit une parmi tant d’autres. Elle touchait à peine le contenu de son verre qui pétillait d’un éclat doré pourtant le champagne devait être délicieux mais elle n’avait apparemment pas le cœur à ça. Tout en écoutant parler son père de la bourse, des fluctuations économiques Bonnie vit soudain un jeune  homme qu’elle avait aperçu rapidement auparavant.
Brun, le visage fin, un nez des plus droit, une bouche en forme presque de cœur au niveau de la lèvre supérieur. Il avait presque l’air de sortir d’un magazine ou même d’un de ces dessins parfait d’un réalisme époustouflant. Son allure, son assurance lui donnaient un charme des plus captivant. Il était grand, élancé. Étonnamment l’attirance était présente.
Sentant que l’on l’observait depuis un moment le dénommé Kang Cheol pivota sur ses talons. Son regard rencontra les yeux verts qui le détaillaient de haut en bas. Dans l’instant il ne sut quelle véritable réaction  adopter ; une profonde surprise s’afficha sur son visage mêlée à un plaisir soudain. C’est vrai qu’elle était jolie cette petite curieuse. Le jeune pdg la fixait en buvant ce vin aux saveurs fruités, il ne pouvait se détacher d’elle. L’inconnue  fuyait son regard en mimant un vif intérêt pour la conversation qu’échangeait plusieurs personnes autour d’elle. Un sourire étira la bouche angélique du jeune homme ; cela l’amusait de la voir si timide après cet échange de regard explicite.
Le coup de coude partit dans les côtes de l’ami de Kang. Jun Hyung toussota bruyamment, l’interruption brutale qui venait de le frapper manqua de lui faire recracher la gorgée de champagne qu’il venait d’absorber.  Le liquide pétillant découlait peu gracieusement du coin de la bouche de Jun Hyung et cela l’irritait ; il avait entreprit de discuter avec la plus jeune fille du groupe LG mais maintenant elle riait de lui.

- Quoi ?!

Jun Hyung n’était pas de bonne humeur désormais. Son costume détrempé fit apparaître son corps bien bâti toutefois ce n’était qu’un détail et la jeune fille qu’il convoitait riait toujours. Ne remarquant nullement l’énervement de son compagnon Kang Cheol agitait nerveusement la main.

- Cette fille… tu la connais ?
- La petite dernière des Kingsleys pourquoi ? Tu veux que je te présente ? Monsieur Kingsley est véritablement quelqu’un de bien.


Kang Cheol hésitait. Etait-ce une bonne idée ? Avant de ne pouvoir faire quoi que ce soit il fut entraîné par son ami. Celui-ci l’avait saisi par le bras pour éviter toute tentative de fuite.
Une fois à la hauteur du groupe d’âge mûr les deux jeunes gens s’imposèrent sans problème. Jun Hyung se présenta ainsi que son ami et tout le monde semblait ravi de découvrir enfin les prodiges de l’année. Car oui, ce petit duo d’une allure plutôt banal était en vérité connu dans le monde des affaires. Pas qu’un peu d’ailleurs.
Edgar s’enthousiasma immédiatement. Il s’embarqua dans une folle discussion avec ces amis tandis que Kang Cheol regardait Bonnie.
Confuse de voir qu’elle était le centre de son attention, Bonnie se mordit la lèvre. Kang Cheol laissa échapper un sourire avant d’entamer la conversation.
Qui était-elle ? Que faisait-elle ici ? Son âge, ses hobbies, ses études…
Ainsi ils se rencontrèrent et Kang Cheol apprit tout ce qu’il avait à savoir sur son coup de cœur de la soirée.
Elle se nommait Bonnie, elle avait dix-huit ans et étudiait le droit pour aider son père dans la paperasse. C’était une jeune fille passionnée d’art, de musique sans oublier de sport. Cet éclat dans son regard, cette bouche parlant avec appétit  ne cessait d’émerveiller Kang Cheol. Etait-il conquis ? Sans doute.  
Dix-huit ans. Dès l’annonce de son jeune âge Kang Cheol recula légèrement. Elle était jeune, bien trop jeune. Pourtant il était trop tard. Sans se soucier de rien ils s’éloignèrent vers le bord de la piscine et y prirent place comme des enfants.


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MessageSujet: Re: L'Eternité   L'Eternité EmptySam 18 Mar - 22:56


Chapitre 3 : After Midnight

- Parles moi de toi.

Bonnie faisait mine de siroter son cocktail à base de grenadine sans lâcher Kang Cheol du regard. Elle sentait qu’il tentait de la traiter avec gentillesse depuis qu’elle avait mentionné son âge. Plus de signes de séductions apparents juste cette doucereuse politesse désarmante. Etait-ce une erreur ? Pour mieux comprendre son changement d’attitude elle supposa qu’il fallait à son tour découvrir certaines choses sur son interlocuteur.

- Je m’appelle Kang Cheol comme je te l’ai déjà dit. Je dirige une boîte depuis peu avec un ami, avant je faisais du mannequinat mais c’est fini. Que veux-tu savoir d’autres ?

Loupé ! Bonnie ne savait toujours pas ce qui l’intéressait. Voulant persévérer la jeune fille s’arma de patience et insista.

- Du mannequinat ? Wow ! Tu as eu du avoir une carrière assez courte quand même avec les études.
- Eh bien non. J’ai démarré assez tôt et…
- Quand ?


L’occasion était trop belle qu’elle se devait de la saisir, elle s’en empressait. Kang Cheol avait perçu le petit jeu et s’en amusait tout autant. A quoi bon faire durer ?

- A l’âge de 18 ans. Ca à durer pendant cinq ans et maintenant je me concentre sur mon véritable travail.

Il avait 23 ans ? Bonnie fronça les sourcils. Cinq de différence s’était  peu n’est-ce pas ?
A cet instant un parfum envoutant parvint aux narines de la jeune fille. Elle s’agita frénétiquement pour découvrir d’où cela provenait mais ce fut avec tristesse qu’elle se rendit compte que ce n’était que son compagnon qui dégageait cette odeur sucrée. Les mains longilignes de Kang Cheol s’affairaient à remettre ce col en place. Sa nuque d’un blanc délicat apparaissait discrètement tandis qu’il réajustait sa cravate.
L’épiderme de la jeune fille se couvrit d’une soudaine chair de poule ; elle avait faim maintenant. Cette fausse odeur de saveur sucrée avait de quoi lui donner l’appétit. Sa langue balaya sa lèvre supérieur sans qu’elle ne se rende compte de rien ; non loin de là sa mère l’observait avec inquiétude.

- Tout va bien ? Questionna Kang Cheol.

Bonnie secoua la tête avec peine. Sa langue titillait ses dents de façon coquine créant une nouvelle vague de sensations dans le corps affolé de la jeune femme.

- Oui. Kang Cheol tu
- Bonnie. Tu peux venir s’il te plaît ?


Pas le temps de demander si il était libre, si il voulait son numéro, rien de tout ça vu que Gina s’interposa fièrement. L’italienne au port de tête altier fixait sa fille avec insistance. Son sourire presque forcé trahissait le fond de sa pensée, elle n’était pas contente.
Pensant que cela était dû au fait qu’il se l’accaparait, Kang Cheol salua Gina poliment. Son regard noir se posa sur les courbes plaisantes des joues pâlichonne de l’adolescente. Sa voix grave et mélodieuse souffla ces derniers mots avec tendresse.

- Tu devrais y aller. Je suis ravi de t’avoir rencontrer.

Bonnie espérait que le calvaire se finirait bientôt. Plus les minutes passaient plus l’affolement de ces cellules grandissait. Son ventre subissait les pires montagnes russes de sa vie et elle n’avait plus le choix : soit elle restait et dieu seul sait ce qui pourrait arriver, soit elle devait partir en fuyant. Il fallait filer.

- Merci, c’était un plaisir partager.

La petite vorace se défila ainsi et disparu bien vite. Kang Cheol, resté seul, regardait le ciel d’un air pensif. Ses pensées vagabondaient sous son crâne crépitant d’excitation ; elle lui plaisait la coquine. Agacé, Kang Cheol se redressa. Son espoir volait peu à peu en éclat à mesure qu’il réfléchissait.
De son côté Bonnie suivait sa mère dans un dédale de pièce. Elle pressentait la colère sous-jacente s’insinuant sous chaque pores de peau de sa génitrice. Qu’avait-elle fait ? Toutes deux tournèrent dans une pièce surchargée des vêtements des invités. Gina s’employa à fermer la porte à double tour.

- Je t’ai demandé de faire attention !!
- Maman ! J’ai juste réagi à son odeur, ou est le mal ?
- Tu ne peux pas te permettre la moindre erreur Bonnie. Nous en avons déjà parler de nombreuses fois !
- Arrêtes de le répéter à chaque fois ! Je n’ai plus quatre ans. J’avoue je me suis laissé totalement tenter mais maman il est… Je pense que c’est lui que je veux.


Un silence prit place de façon inattendu. La confusion saisissant Gina désarçonnait les moindres reproches qu’elle s’apprêtait à faire. Sa bouche ne délivrait plus aucun mots, elle butait indéniablement.
Tout en levant les bras aux ciel Gina commençait à faire les cents pas dans cette chambre transformée en dressing. Il fallait étudier la situation, peser le pour et le contre. Les propos déroutants de sa fille contrariait tout ce qui pouvait se passer ce soir. Les talons nerveux frappaient le pauvre tapis installé à proximité du lit, ceux-ci laissaient de petites traces rondes à chaque passage trahissant la tension de la pièce.

- Bon, très bien. Après tout il a l’air très bien ce garçon mais comment tu peux en être sûre ?
- Tu m’as dit que quand je le verrais je le sentirais. C’est le cas ! Tu voulais que je rencontre des gens.
- Ma puce ce n’est pas si simple enfin. Je sais que je t’ai dit ça mais tu ne trouves pas que ça va vite ?
- Et toi avec papa ? Le premier soir vous étiez déjà ensemble ! Toi aussi c’était un déclic que tu ne pouvais pas expliquer ! Il n’y a pas seulement son odeur, j’ai senti quelque chose de particulier. Je me sentais bien.


Gina baissait les bras. Elle se laissa tomber sur le matelas rembourré de multiples manteaux tandis qu’un énième soupir s’échappait d’entre ses lèvres.

- Tu as raison. Nous en parlerons avec ton père dès que nous serons rentrés, je te le promets.

La lassitude étreignait les deux femmes qui finirent côte à côte. Bonnie fixait le plafond d’un air contrit, elle n’était pas sûre de ce qui venait de passer toutefois elle n’avait fait que s’exprimer. Elle haussa les épaules simplement.
Ce sentiment d’accord parfait Bonnie le percevait toujours. La pointe de ses pieds la picotaient, son cuir chevelu crépitait et tout le reste de son corps demeurait en état d’alerte. Oui, elle sentait que cette fois c’était le bon, qu’il allait se passer quelque chose. Enfin !
Elle rêvassait doucement, enveloppée dans cette savoureuse odeur de ce jeune premier. Tout en échangeant un regard émue avec sa mère, Bonnie se leva. Il était temps de rentrer pas vrai ? Lorsqu’elles regagnèrent le centre de la fête la gaieté des invités battaient son plein. On buvait, on riait, on échangeait au sujet de différents sujets de la bourse, des derniers exploits sportifs…
Tout en peinant à se frayer à chemin au milieu de cette populace animée, Bonnie croisa le regard entêtant de Kang Cheol. A ses lèvres il portait un vin de bordeaux qu’il absorbait par de fines gorgées légèrement espacées. Sans être en mesure de se retenir, Bonnie observait sa pomme d’Adam coulissant au fur et à mesure qu’il buvait du breuvage.
Le mouvement passait au ralenti sous sa rétine. Ses pupilles grossissaient d’excitation alors qu’elle se rapprochait de lui envers et contre tout. Elle devait lui parler. D’un pas presque félin elle se trouva enfin à sa hauteur mais une main la tira sur le côtés. Henry, qui venait tout juste d’être mis au courant par sa mère, adressait les gros yeux à sa petite sœur.

- On rentre jeune demoiselle.

Bonnie tenta de protester en ouvrant la bouche mais la referma aussitôt car l’étreinte sur son bras se faisait mordante. Tant pis ! Alors qu’on la traînait avec force vers la porte elle jeta un dernier coup d’œil derrière elle. Lui, le verre à la bouche la regardait partir en se sermonnant d’apprécier une personne si jeune. Elle, des envies pleins la tête et le cœur gros comme trois sacs de pierres, rongeait son frein pour ne pas le rejoindre.

Tôt ou tard ils allaient se revoir.


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MessageSujet: Re: L'Eternité   L'Eternité EmptyDim 19 Mar - 14:01


Chapitre 4 : Goûter l’interdit


Deux semaines s’écoulèrent. Plus les jours défilaient plus les discussions s’animaient vivement au sein de la famille Kingsley. Bonnie ne parvenait pas à chasser le dénommé Kang Cheol de son esprit et elle se renseignait sérieusement à son sujet. Son père, quelques peu désarmé par l’annonce du souhait de sa fille, tentait de faire son possible pour garder la tête froid aux côtés de sa femme qui cédait peu à peu en voyant la force animant Bonnie.
Un soir alors que tout le monde se trouvait rassembler au cœur même de la maison le sujet revint sur la table à la hâte et cela entraîna une vive discussion.

- Bonnie nous en avons parler avec ta mère et nous pensons que tu n’es pas prête pour ça. Tu es la plus jeune !
- Et alors ? Tu t’es posé la question avec maman ?


Edgar retint un soupire de lassitude, elle était entêtée et cela le mettait à rude épreuve mais il ne devait pas baisser les bras. La partie n’était pas encore gagnée.

- Avec ta mère ce n’était pas pareil ! C’était une autre époque et nos familles se connaissaient depuis longtemps.
- Tu sais très bien d’où viens Kang Cheol et qui il est ! Tu n’as aucune excuses à ce sujet ! Tu voulais que je rencontre du monde, que je tente ma chance et peut-être même que je trouve un bon parti. Pourquoi tu ne te réjouis pas du fait que j’ai enfin trouver l’homme avec qui je veux passer ma vie ?


Les parents n’étaient pas les seuls fatigués par cette situation ; tout le monde l’était. Caché derrière le journal ou plongé dans leurs téléphones les trois autres enfants Kingsleys écoutaient la conversation sans y prendre part. C’est alors que Lucia releva le nez de l’écran qu’elle avait assez arpenter.

- Tu devrais écouter papa et maman au lieu de nous gaver à longueur de temps avec cette histoire.

Sans attendre, Bonnie se tourna vers elle et la défia d’un regard acerbe. Pour qui se prenait-elle ? Avec rage elle saisit le téléphone de sa sœur et l’expédiait sur la table basse.

- Personne ne t’a demandé ton avis à ce que je sache ! Et toi et moi on est pas dans la même situation !
- C’est sûr. Si tu avais pensé à ton avenir plus tôt on n’aurait pas à t’entendre geindre en permanence sur ton pauvre sort.


Bonnie fulminait de rage , une éventuelle claque lui démangeait le creux de la paume mais elle dû se retenir. Les longs doigts bronzés de Gina les séparaient déjà.

- Ca suffit vous deux ! Rick, henry et Lucia veuillez nous laisser.

Voyant l’intervention de sa femme prise plus qu’au sérieux Edgar acquiesçait. Il reportait son regard vert d’eau sur le panorama qu’offrait la salle de séjour. Il était temps de parler sérieusement avec la benjamine, elle devait comprendre la conséquences de ces paroles et les responsabilités qu’elle allait devoir assumer. Le trio muet quitta la pièce immédiatement, c’était un véritable soulagement que d’échapper à cette atmosphère pesante alors à quoi bon se faire prier. Tout en refermant la porte Lucia persiffla entre ses dents ce qui fit redoubler Bonnie de colère. Cette attitude, ce fichu caractère enfantin l’exaspérait au plus haut point.

- Bonnie, assis-toi s’il te plaît.

Gina venait de s’adresser à la jeune fille avec douceur avant de se poster non loin de son mari toujours perdu dans la contemplation de la vue partielle de Séoul. Il lui fallait tirer Edgar de sa torpeur, un raclement de gorge et cela suffisait. Surpris par cette interpellation plus que marqué Edgar dévisageait avec confusion sa partenaire afin de comprendre qu’il devait de nouveau s’adresser à sa fille.
Celle que l’on pouvait qualifier de jeune adulte se trouvait installée sur le canapé. La mine basse et le front plissée montraient un signe de réflexion intense ; elle voulait comprendre cette soudaine réticence.. Pourtant ils l’avaient bien pousser à s’ouvrir au monde extérieur ? Que cherchaient-ils à la fin ?

- Mon enfant, il faut que tu comprennes que cette décision ne peut pas se prendre à la légère. J’ai pu me permettre d’agir de la sorte avec ta mère car je la savais fiable, que je me doutais qu’elle serait toujours à mes côtés.

Bonnie entrouvrit instantanément la bouche mais la voix chaude et grave de son père la coupa net.

- Laisses-moi finir.

Les fesses de la jeune fille se réajustèrent dans le fauteuil sans qu’elle ne dise mot. Ses lèvres gourmandes se refermèrent et tout en croisant les bras elle observait son père d’un air attentif.

- Merci. Tu as raison pour le fait que je connais pertinemment la famille de Kang Cheol et son patrimoine. Hors je ne sais pas si sa santé est solide, si il est quelqu’un de totalement intègre. Tous ces petits détails comptent ! J’ai beau faire le plus vite possible pour rassembler des informations c’est un homme très populaire et mystérieux à la fois. Tiens ! sa popularité parlons-en. Et si tu finis par le côtoyer régulièrement les journalistes ne vont pas t’harceler jour et nuit ? Tu y avais réfléchi ?

Piteuse, Bonnie fit non de la tête. Elle regardait ses pieds avec une soudaine envie de vomir, le malaise était absolu. Ce rappel à l’ordre pourtant son violence de son père lui rappelait qu’elle demeurait une enfant encore inconsciente du monde du dehors. Une main rassurante se posa sur un de ces genoux.

- Ma puce… je ne veux que ton bonheur. Ce n’est pas facile de savoir que tu es tiraillé mais nous n’avons pas le choix. Ta santé est fragile ! Je ne peux pas te confier à un homme imprévisible. Il est peut-être dangereux. Il pourrait te faire beaucoup de mal… Notre monde est sombre et je t’ai déjà parler de ce qui se trouve dans le gratin de Séoul.
- Papa, c’est vraiment lui que je veux. Laisses-moi passer du temps avec lui ! On verra vite si il est fiable ou même si je peux espérer quelque chose de sa part. J’ai pas seulement envie de le voir, j’en ai besoin.


Tout en prononçant son discours plein d’espoir Bonnie avait saisi la paume froide de Edgar. Ils se fixèrent. Derrière Edgar la silhouette de Gina approuvait cet échange profond qui venait d’avoir lieu. Bonnie brisa le silence d’une voix fluette.

- Je sais que je ne pense pas encore à tout et je vous remercie de me le rappeler mais c’est trop tard j’ai fait mon choix.

La sentence était définitive. Plus de marche arrière possible ; le destin était scellé par ces quelques mots prononcés un peu plus tôt.
Edgar et Gina se dévisagèrent. Leur petite était loin d’être bête et cette soudaine détermination marquait la fin de son adolescence. D’un même signe de tête ils approuvèrent.

- C’est d’accord. Mais !


Alors que Bonnie s’empressait de se jeter dans les bras de son père elle fut retenu. Un mais ? Quel mais ? Curieuse de savoir ce que cela cachait elle inclina la tête sur le côté en levant un sourcil.

- Promets nous de ne rien faire pour le moment.
- Oui, tu restes prudente et peu de contact.
C’était évident.
- Bien sûr. C’est promis !


Bonnie embrassa chaque joues qu’on lui tendit. Une folle joie l’animait et elle pouvait de nouveau sentir son épiderme crépité d’excitation à l’idée de revoir le séduisant Kang Cheol. A peine l’accord scellé, la jeune fille disparut à l’étage le portable à la main. Elle laissa derrière elle deux parents rongés par la crainte.

- Crois-tu qu’elle va nous écouter Gina ? S’interrogeait Edgar sur un ton grave.
- Elle n’est pas stupide ! Peut-être impulsive c’est vrai mais nous la surveillerons jusqu’à ce qu’elle soit stable mon cher ange.


Elle ne l’avait pas appelé comme ça depuis longtemps et les souvenirs de ce surnom firent frissonné le chef de famille. Il sentit alors les deux paumes de sa femme masser délicatement ses épaules.

- Tu es une épouse fantastique et la meilleure des mère pour nos enfants.
- Nous nous sommes bien trouvés .


Le couple échangea un tendre baiser avant de retourner à leurs occupations tardives.


Réfugiée dans sa chambre Bonnie se mordait la lèvre en inspectant son portable. Ce message elle voulait l’envoyer depuis longtemps mais quelque chose la retint. Non, pas comme ça. Elle supprima les quelques mots tapoter à la va vite et s’empressait d’attraper son blouson. Il était tard, autour de minuit mais elle savait pertinemment que Kang Cheol travaillait d’une façon déraisonnable. Il lui avait soufflé.
Sans attendre un instant elle enfilait ces petites bottines et descendait les escaliers. Percevant sa hâte son père l’attendait dans l’entrée, une sacoche à la main. Une fois à son niveau Bonnie sourit avant de saisir la besace chic que lui tendait Edgar.

- La dernière fois que vous avez parlé c’était quand ?  
- Deux jours après la fête, il avait réussi à me contacter via ta société et il espérait qu’on puisse se revoir. J’avais dit que je ne pouvais pas, qu’il devrait être patient si il voulait qu’on se voit.


Surpris, Edgar marqua une pause.

- Tu m’avais dit que tu voulais qu’on prenne le temps d’en discuter pas vrai ? Je devais avoir ton accord pour le voir et c’est ce que j’ai fait papa.
- Tu es bien trop sage.


Un baiser se posait sur la joue nacrée de la jeune fille pour mieux illustrer la relation forte qu’y les unissait.

- Ma petite fille…
- Plus si petite papa…
- Reviens nous vite.


Bonnie acquiesça sagement en filant par la porte entrouverte. Son ombre se projetait sur les marches du péron qu’elle sauta bien rapidement. Devant la villa baignée par l’obscurité se trouvait une splendide limousine, la même qui avait conduit la famille à la soirée de gala. Un chauffeur à la carrure plus qu’impressionnante fumait adossé contre une portière close.

- Je vous emmène mademoiselle ?
- Avec plaisir Gab !


Gabriel se dégagea du véhicule pour laisser sa jeune patronne pénétrer à l’intérieur. Bonnie s’y glissa sans peine avant de vérifier une adresse griffonnée à la vite sur un papier. Le cuir confortable de la voiture dégageait un odeur de neuf. Tandis que Gabriel s’installait derrière le volant, bonnie lui fit parvenir le post-it qu’il s’empressa de lire. Pour faire comprendre qu’il avait bien pris note le serviteur hocha d’un signe de tête précédé par un sourire des plus sympathique. Cette semaine il était passé plusieurs fois devant le QG de Lee chemistery and tech Corporation à la demande de Bonnie mais jusqu’ici elle n’avait jamais oser sortir de l’habitacle dissimulé derrière des vitre teintés. Etait-ce le grand soir ? N’ayant pas l’habitude de fouiller dans la vie de ces employeurs Gabriel chassait cette idée de la tête et démarrait le moteur. Un quart d’heure plus tard ils se trouvaient à proximité du siège de l’entreprise. Curieusement Bonnie s’empressait de lui demander de s’arrêter pour finalement quitter la voiture dans un vague « merci ».
Des pas rapides martelant le béton brûlant de la chaleur de la journée et un souffle légèrement affolé. C’est ce que perçu Kang Cheol en sortant une cigarette de son blouson. Il releva la tête promptement et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir la jeune fille l’ayant tant marqué. Sa drogue entre les lèvres il ne put retenir un sourire conquis. Le rythme cardiaque du jeune homme variait subitement ce qui le déstabilisa avant même qu’elle ne soit près de lui, que pouvait-elle bien lui faire ?

- Mademoiselle Kingsley ! Ravi de vous revoir.

Bonnie le dévisageait un instant. La lumière du briquet illuminait ce visage qui lui avait tant manqué d’une sublime teinte orangé. Un nuage de fumé flouta la vision si plaisante qu’avait la jeune fille mais il disparut bien vite. Kang Cheol soupirait de nouveau évacuant le poison venu tapisser un plus tôt l’intérieur ses poumons.

- Que faites-vous ici ?
- J’avais envie de vous voir.


Elle était plutôt cash. Cela ébranla Kang Cheol qui s’attendait à faire face à une jeune fille réservée dont il pourrait repousser doucement les avances. Elle ne cesserait donc jamais de l’étonné !
Bien que perturbé le jeune directeur entrouvrit la bouche.

- Je ne vous laisse pas le choix. Je dois vraiment vous parler ! Je sais que vous êtes un homme très demandé et que je me permets de me pointer ici comme une fleur mais je ne l’aurais pas fait si je pensais que cela serait une broutille.
- J’entends bien Mrs. Kingsley. Toutefois je pense qu’il est temps de mettre les choses au clair ! Nous avons très bien discuter ce soir-là néanmoins…


Il perdit bien vite l’usage de la parole lorsque ses lèvres rencontrèrent celles de Bonnie. Elle ne faisait pas seulement ça pour qu’il se taise, elle devait le faire céder par tous les moyens. Kang Cheol tentait de se raisonner. Cependant les barrières de son esprit s’effaçaient peu à peu et il se retrouva démuni à se délecter de ce baiser que son corps avait tant espérer. Dieu que les hommes peuvent être faible quand le cœur s’en mêle.
Confus, Kang Cheol continuait de tendre les lèvres alors que Bonnie se détachait de lui. Le sortir de sa torpeur ne fut pas chose difficile, un petit claquement de doigt suivit d’un éclat de rire séduisant et le tour était joué.
Le coréen d’âgé de plus de vingt-cinq ans ouvrit les yeux. Ainsi il s’était fait avoir ? D’un air contrarié il se massa la mâchoire pour réveiller son corps encore sous le charme.

- Je dois avouer que vous m’avez pris de cours.
- C’était soit ça soit je vous laissais parler et je partais. Je ne sais pas ce qui vous pousse à vouloir m’éloigner de vous mais ça ne marchera pas, vous m’entendez ? Je vous veux vous. Rien ne pourra me faire changer d’avis.


Un éclat de détermination faisait scintillé les prunelles d’un vert subtilement bleu de l’anglaise. Visitant ces prunelles pour la première fois, Kang Cheol en eut le souffle coupé. Il était enchaîné, sa chair pouvait d’ores et déjà sentir les chaînes broyant ses membres. C’est après un long moment de silence qu’il remarquait sa cigarette gisante sur le sol quelques peu sali. Tant pis… Les yeux noirs se fixèrent sur les lèvres rosées de Bonnie.

- Je suis bien trop âgé pour vous.
- Pensez-vous réellement que l’âge entre en ligne de compte quand deux êtres se plaisent ?


Elle avait donc toujours raison ? c’était un poil agaçant alors pourquoi souriait-il de satisfaction ? Peut-être parce que ce petit bout de femme visait juste.

- Personnellement je pense que c’est un détail ! Et je m’en fou royalement ! Je suis jeune mais croyez-moi j’ai vu des choses que vous n’envisagez même pas. Alors votre excuse vous la rangez où je pense et on va discuter d’adulte à adulte.

Un rire échappa à son aîné. Kang Cheol écrasait sa cigarette fumant toujours à ses pieds. Elle était drôle cette petite décidément et cela faisait partie intégrante de son charme. La volonté de ne pas succomber de Kang ayant brusquement disparu celui-ci fuyait le regard perçant de Bonnie.

- Et de quoi veux-tu parler ?
- Je veux savoir si je te plais, si tu es prêt à m’accepter comme je suis. Pas de mensonges ! Je veux que tu sois sincère et que si possible on aille de l’avant ensemble.


La distance, le « vous » solennel avaient soudainement fui.

- J’y suis prêt mais je ne sais pas encore ce que cela implique. En plus je ne te connais pas assez.
- Tu marques un point… Que dirais-tu de se voir de temps à autres ?
- Tu veux dire tous les soirs ?


Iles échangèrent un regard complice. Un petit groupe de passants s’approchaient ce qui les interrompit.

- Allons boire un verre. Enchaîna Kang Cheol en saisissant la main de la jeune femme.

Bonnie haussa un sourcil mais ne sut refusé cette soudaine invitation.
A quelques mètres de la société florissante de Kang Cheol se trouvait un bar agréable. Pas trop grand, pas trop voyant et une atmosphère confortable qui flottait dans l’air. Ainsi le duo prit place dans un recoin cosy. Kang Cheol commanda un cocktail tandis que Bonnie s’entêtait à refuser de boire ; ce n’était pas le moment. Il fallait discuter non grandir son appétit avec du sucre.

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MessageSujet: Re: L'Eternité   L'Eternité EmptyDim 19 Mar - 20:27


Chapitre 5 : Tenté le diable


Suite à cet échange au bar, les rendez-vous s’enchaînèrent. Kang Cheol persistait dans sa volonté de lutter face à cette attirance plaisante dès que Bonnie se trouvait loin de lui. Pourtant il fallait se faire une raison, il était indéniablement mordu de la jeune fille. Rien ne pouvait changer. L’âge pesait moyennement dans la balance désormais. Kang Cheol avait finalement avoué qu’il était âgé de vingt-six ans ce qui n’avait nullement ébranlé sa jeune courtisane ; Bonnie était tenace. Lentement l’esprit et le corps du pauvre homme succombait, s’enlisait dans la mélasse des sentiments. Se voir, se revoir, s’embrasser timidement à l’abris des regards devenaient de plus en plus insuffisant ; cette relation demeurait fragile mais le désir grandissant poussa donc Kang Cheol a accepter le fait qu’il ne pouvait se passer d’elle.
Cela faisait plusieurs semaines qu’ils partageaient des moments plus intimes mais une multitude de petits détails étonnaient Kang Cheol. Les baisers cessaient de plus en plus rapidement, la spécificité de son régime alimentaire n’avait encore jamais été abordé et elle refusait un excès de caresse ou bien d’attention. Non décidément ça ne tournait pas rond du tout. Peut-être que cela venait de lui ? Impossible, elle l’avait tant réclamer que ça n’avait pas de sens.
La mine grave Kang Cheol réfléchissait aux raisons qui poussaient Bonnie à agir de la sorte. Il siégeait à la place du passager tandis que son chauffeur conduisait avec attention ; la route pour rejoindre sa compagne était embouteillé ce qui le contrariait davantage. Compagne était un bien grand mot mais leur relation demeurait si complexe qu’il ne s’en sortait pas niveau appellation. Perdu dans ces pensées et le vacarme des voitures Kang Cheol ne remarqua pas tout de suite qu’il était arrivé à bon port. L’homme installé derrière le volant le tira de sa rêverie en s’adressant à lui.

- Monsieur ! Nous y sommes.
- Oh. Merci bien Jaejung.


Sans se faire prier le pdg encore novice quitta l’intérieur confortable de la sublime berline. A pas lents il rejoignait la vitrine d’une bibliothèque toujours ouverte malgré l’heure tardive. Il était bientôt dix heures. Bonnie devait certainement travailler ardemment pour les examens à venir mais il était temps qu’elle le rejoigne, n’est-ce pas ?
La silhouette bien proportionnée apparut enfin derrière la porte en verre. Bonnie ,toute en joie, s’approchait vivement de Kang Cheol.
Habillée d’une tenue simple mais mettant ses courbes en valeurs elle était vraiment attirante. Ses cheveux d’un brun chocolat s’étalaient désormais en cascade sur ses épaules couvertes par son trench. Kang Cheol retint un soupire d’émerveillement alors que son cœur tambourinait à folle allure dans sa poitrine. Sa cage thoracique demeurait toujours au bord de l’explosion lorsqu’elle était dans les parages, c’était de pire en pire.

- Salut. Fit-elle d’une voix enchanté.


Elle arborait un sourire charmant ; celui-ci traduisant la joie de savoir qu’ils allaient passer la soirée ensemble. Kang Cheol la recueilli dans ses bras. Les lèvres douces de son rendez-vous du soir embrassèrent le coin de la nuque toujours froid pour mieux marquer leurs retrouvailles. Kang Cheol s’était absenté l’espace d’un ou deux jours pour affaires et il tenait à faire un retour flamboyant.
De son côté Bonnie rongeait son frein avec nervosité. L’odeur de Kang Cheol était si vive, si passionné que la jeune fille peinait à retenir des pensées malsaines. Elle avait faim, terriblement faim et si il ne la lâchait pas tout de suite les conséquences pouvaient être dramatiques. Elle le repoussa gentiment en affichant son plus beau sourire. Toutefois Kang Cheol l’observait d’un être vexé.

- Tu vas encore me dire de m’écarter ?
- Eh bien, j’aimerais juste respirer un peu.


A contre cœur Kang Cheol se sépara d’elle. Décidément tout allait de mal en pis ; l’histoire qui venait juste de démarrer allait donc prendre fin. Contrarié, le jeune homme de se détourna de Bonnie avec agacement. Sa main passait dans ses cheveux pour mieux signifier l’état dans lequel il se trouvait.

- Tu me dis si je te dérange hein.
- Ce n’est pas ça. Je te le promets Kang ! C’est moi.
- Quoi c’est toi ? Quoi hein ? Qu’est-ce qu’il y a ?! Tu en as déjà marre de moi ?
- Non… non non ! Je t’assure que ça n’a rien à voir.
- Alors quoi ? On va continuer de se voir en se regardant dans le blanc des yeux ? Je te préviens, je ne pourrais pas endurer ça indéfiniment. Tu m’as fait céder pour qu’on partage du temps ensemble, tu m’as hanté des nuits entières et maintenant j’ai à peine l’autorisation de te prendre dans mes bras. J’ai vingt-six ans ! Tu sais ce qu’un homme de vingt-six ans désire au moins ? Je veux te toucher ! Je veux que tu sois à moi et pour ça y a pas trente-six solutions. Je n’en peux plus de devoir t’embrasser à demi. Ce n’est pas ce que je veux. Ni ce que j’espérais ! On est même pas ensemble alors imagine si c'était le cas.


Ses lèvres tremblaient d’une colère qu’il avait tenté d’enfouir un peu plus chaque jour. Des larmes d’angoisses naissaient aux coins de ses yeux si joliment étirés. Bluffé par la réaction du jeune homme Bonnie ravalait sa salive en tentant de soutenir le regard désespéré lui faisant face.

- S’il te plaît, allons à la maison et je t’expliquerais absolument tout. Je vais te parler de ma santé, de nos difficultés niveau contact s’est promis mais pas en pleine rue.

Bonnie parlait d‘une voix douce et sincère ce qui calma Kang Cheol. Lui, toujours perdu entre raison et sentiments, attrapa sa main en l’entraînant vers l’artère principale ou ils pourraient trouver un taxi. Leurs doigts s’entremêlèrent fiévreusement ; la colère n’était que passagère et ce signe de tendresse trahissait l’adoration de Kang Cheol pour la jeune fille. Il n’était pas encore prêt pour une relation mais elle était tout pour lui.
Tout le long du trajet ils ne dirent rien. Bonnie tapotait sur son téléphone avec rapidité ce qui blessa une fois de plus Kang Cheol. Lui rongeait ses ongles avec brutalité. Pour qui se prenait-elle ?
Normalement il n’était pas d’un naturel jaloux mais cette petite lui avait fait naître des sentiments si intenses qu’il ne pouvait se résoudre à la laisser partir. Il fallait donc parler de ce qu’il se tramait afin qu’il ne soit rassuré… ou détruit.
Dès qu’ils arrivèrent dans l’appartement de Kang Cheol situé au cœur de Séoul, Bonnie se débarrassa de portable et sac. Elle était prête à parler. D’un oeil inquiet elle observait le dos puissant qui lui faisait face.

- On ferait mieux de s’asseoir.

Tous deux quittèrent le hall pour prendre place sur le canapé en cuir gris du salon. Face à face, ils ne se perdaient plus des yeux.

- Je ne veux plus de mensonges ou de secrets Bonnie. C’est tout ce que je souhaite.
- J’ai compris. Seulement je te demande de m’écouter et ce jusqu’au bout.


Bonnie saisit les mains brûlantes de Kang Cheol. A l’aide de son pouce elle commença à masser la peau si vivante du jeune homme. D’un bref hochement de tête Kang Cheol acceptait la condition qu’elle venait de poser ; qu’importe ce qu’elle allait lui annoncer il devait savoir. Prenant son courage à deux mains, Bonnie inspira profondément pour amorcer son histoire.

- Comme tu le sais j’ai une santé très fragile mais ce n’est pas dû à une maladie. Je suis actuellement en phase de transition si je peux m’exprimer ainsi.

Kang Cheol tiqua face à cette première annonce inattendu ; l’un de ces sourcils se haussa mais il se retint de poser la moindre question pour mieux la laisser poursuivre. L’explication arriva bien assez vite.

- Ce que j’entends par là c’est que bientôt je ne serais plus du tout normale. Ma famille n’est pas comme les autres et dès notre naissance on détermine l’âge auquel notre corps subi une transformation. Pour moi, la date annoncée est celle de mes dix-neuf ans.

Bonnie leva rapidement vers les yeux vers celui qui l’écoutait attentivement. Son front se plissait, sa mine s’assombrissait et elle pouvait déjà visualiser une immense panique faisant affoler son rythme cardiaque.

- Qu’est-ce que c’est cette transformation ?

Il venait de briser l’accord un peu plus tôt mais au fond Bonnie s’en fichait bien. Les remords s’emparaient de son cœur.

- Tu n’as jamais remarqué que ma peau était froide ?
- Si mais tu sais il y a plein de gens comme ça…
- Kang Cheol, crois-moi que pour moi ce n’est pas normale. Je ne suis plus qu’à moitié humaine.


Silence tendu. Un visage qui se déforme sous le coup de l’incompréhension. Il est sûr d’avoir malentendu. Elle doit répéter ce qu’elle vient de dire car ça n’a pas de sens.

- Quoi ?
- Je suis en train de devenir un vampire. C’est pour ça que je ne peux soutenir ton contact trop longtemps, que j’ai si froid tout le temps. D’ici un mois ou deux je serais totalement transformée.
- Je savais que cela existait et on m’avait mis en garde contre les vieilles familles européennes se cachant à Séoul mais je n’avais imaginé ça.


Kang Cheol se passa une main sur le visage pour vérifier qu’il ne rêvait pas et malheureusement ce n’était pas le cas. Son regard se tourna vers celui de sa bien-aimée.

- Pourquoi tu ne m’as rien dit depuis le début ?
- Tu te doutes bien que c’est une situation particulière et qu’avant de mettre les gens au courant je dois être certaine de leur fiabilité.
- Je comprends mieux pourquoi je m’entêtais à ne plus passer du temps avec toi. Si j’ai succomber à ton charme c’est que tu m’as ensorcelé avec un tour de passepasse ou je ne sais quoi.
- Tu te rends compte que c’est profondément blessant ce que tu me dis ?


La voix de Bonnie avait changé, elle s’était muée en une rage sourde lui déchirant le larynx. Kang Cheol pivota pour mieux lui faire face.

- Si tu avais mentionné ce détail plutôt nous n’en serions pas là. Je regrette ce que nous avons partagé et je suis certain que désormais notre « relation », si tenté qu’il y en ai eu une, ne soit résolu à se finir ce soir.

La colère qui l’animait n’était pas une de celle que l’on peut dompter avec force. Elle était d’une telle violence que les paumes tremblantes du jeune homme en trahissait toute l’agressivité.

- Parfait. Je suppose que tu peux être fier de toi. Mais avant que je ne disparaisse de ta vie j’estime que tu me dois quelque chose ! J’ai été assez patiente comme ça.

Il n’eut pas son mot à dire. Son dos s’encra dans le cuir moelleux du sofa tandis qu’elle prenait place au-dessus de lui. Kang Cheol, agar suite à la rapidité des évènements, n’arrivait même pas à se défaire de l’emprise de la jeune fille. Les yeux d’un blanc prodigieux Bonnie semblait déterminer à prendre son dû. La bouche béante elle mordit à pleine dents la jugulaire blanchâtre qui s’exposait à ses yeux affamés. La pauvre victime peina à retenir un cri. Les crocs lacérant la chaire créèrent une vive douleur s’effaçant au fur et à mesure du repas que prenait Bonnie. A semi-conscient Kang Cheol ressentait son corps comme jamais, chaque vaisseau de son corps semblait battre d’un même mouvement. Il était transcendé. Etait-ce du plaisir ? Ou juste une illusion que ce monstre créait en lui ? Il ne sut répondre.
Une fois repu, Bonnie s’écarta de sa proie et lécha les marques visibles sur le cou de sa proie. D’un simple revers de main elle essuya sa bouche désormais entaché. Tout en récupérant ses affaires elle vérifia l’état du pauvre homme qu’elle allait laisser là.Ses phalanges se perdirent dans les mèches brunes; il était d'une beauté étonnante même sonné.
Elle l’aimait. Ce n’était pas juste ce qu’elle venait de faire mais il n’y avait pas eu d’autres choix. Kang Cheol s’endormit immédiatement ce qui permit à la jeune femme de filer en douce. Il 'avait l'air paisible alors que la porte claquait derrière elle.
Elle avait mal aux pieds mais elle ne pouvait s'empêcher de marcher. Toujours plus loin. Fuir et se réfugier dans ce cocon familiale.

Cachée sous une capuche d’un vieux sweat noir Bonnie retenait des larmes. Qu’avait-elle fait ?

Qu'avait-elle osé faire à Kang Cheol ?

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MessageSujet: Re: L'Eternité   L'Eternité EmptyLun 20 Mar - 23:43


Chapitre 5 : Just Do It


Lorsque Kang Cheol se réveilla enfin une vive douleur brûlait sa nuque. Nageant encore dans un brouillard dû à son assoupissement il peina à se remémorer ce qui c’était passé durant la nuit. D’une main tremblotante il caressa la partie de sa nuque qui le dérangeait vivement.
Soudain, un flash. Bouleversant et profondément déroutant ; de se souvenir brutal naquit un hoquet. Le torse affolé de Kang Cheol battait un rythme trahissant la folie qui l’animait. Etait-elle encore là ? Non, mais elle l’avait pourtant bien mordu. Il sentait cette marque palpitante sur sa peau d’habitude parfaite.  Tout en grimaçant Kang Cheol se leva à la hâte, il atteignit rapidement la salle de bain. Faisant face au miroir ses yeux analysèrent l’objet de sa gêne matinale.
La chemise blanche bâillait sur le cou dénudé  ainsi apparaissait les deux petits trous encore bien ouverts. Kang Cheol eut un mouvement de recul face à cette vision terrifiante. Les crocs de Bonnie s’étaient  bien infiltrés en lui pour mieux le déguster. Rien que l’idée souleva d’un haut le cœur le pauvre jeune homme. Confus, Kang Cheol vint palper la peau demeurant d’une pâleur extrême. Tandis que le bout de ses doigts caressaient la zone qu’il pensait irritée un plaisir subtil titilla son épiderme. Kang Cheol s’observait dans le miroir ; à mesure qu’il domptait cette plaie étrange sa fascination morbide grandissait. Toutefois une partie de son être le rappela à l’ordre, ceci n’était pas normal et il devait le dissimulé jusqu’à sa cicatrisation complète.  Il fallut vider le dressing, penser à de multiples solutions. L’abomination défigurant son anatomie devait rester secrète ; il devait également l’oublier tout comme Bonnie. Néanmoins la jeune fille trottait toujours dans l’esprit de Cheol, qu’importe les sermons qu’il s’administrait il ressentait toujours ce « truc » indéfinissable.
A force de penser, de retourner leur conversation dans tous les sens, Kang Cheol continuait de penser qu’il avait eu raison de se montrer si dédaigneux envers elle. Ce démon qu’elle était avait juste pris possession de son âme pour s’amuser. C’était tout. Les vampires étaient des êtres pervers aimant jouer avec les humains ; cette petite garce ne devait pas faire exception à la règle. Dès qu’il pensa le mot garce un déclic s’opéra en lui ; c’était trop violent, trop cru. Bonnie était si douce et bienveillante, elle ne voulait certainement pas le blessé hier soir. Elle semblait même fragile alors qu’elle avait évoqué sa condition ; aurait-elle eu peur ? Impossible.
Le PDG prodige agita les bras d’un air contrit. Il accordait trop d’importance à son cœur et il fallait changer ça. Tout en fuyant une nouvelle pensée à l’égard de son amour non-avoué, le jeune homme se saisit d’un col roulé bleu nuit pour mieux l’enfiler. Le travail n’attendait pas ! Il était temps de redevenir sérieux et de donner la véritable place à ses priorités.
S’en suivit plusieurs journées à porter des cols roulés. Ce genre d’habit ,que Kang Cheol portait peu, séduisit plus d’une des jeunes femmes du bureau. Elles se délectaient de voir le corps  sculpté de leurs patron dans ce tissus sombre moulant sa musculature. Soupires de rêverie, le crayon à la bouche, elles étaient toutes là à guetter son attention. Cependant cela ne marchait pas. Il travaillait sans relâche tel un forcené. Son seul repos se trouvait dans le business ; rentré à la maison était son calvaire. Revoir ce canapé, sentir son parfum toujours encré dans le cuir et finalement percevoir cette petite croute picotant sa nuque.
D’ailleurs Kang Cheol avait développé un lien étrange vis-à-vis de la morsure. Tous les soirs il prenait temps de l’observer, de la désinfecté mais aussi de la caresser. Elle créait en lui un profond sentiment de bien-être très stimulant. L’entièreté de son corps s’épanouissait à ce contact tant et si bien que cela devenait quasiment addictif.
Un soir, il remarqua avec horreur qu’elle commençait à disparaître. Ses grands yeux noirs s’écarquillèrent alors qu’il venait tout juste de quitter sa douche habituelle. Il lâchait sa serviette à fin de mieux s’enquérir de l’état de ce qui devenait une petite égratignure.

- Oh non, non non. Ne me fais pas ça.

La peau se régénérait à vue d’œil ce qui déplaisait fortement au possesseur de la marque. Il ne savait plus pourquoi, ni comment il en était arrivé là mais il se grattait la nuque désespérément. Ses ongles parfaitement manucurés peinaient à réanimer ce qui s’effaçait peu à peu.
Il geignait, râlait, pleurait presque de cette infortune. Le plaisir que lui accordait la marque devait rester et cela pour toujours. Toutes les expérimentations possibles il les tentait mais bien vite ses efforts n’eurent plus de raisons d’être.
Les rotules contre le sol carrelé de la salle de bain, Kang Cheol retenait des hoquets de tristesse. Son cou rougit par son grattage incessant était désormais comme neuf. Il se redressa avec peine en prenant appui sur le lavabo. Pour la première fois il fit face à sa mine dévasté, lui qui n’avait jamais succomber à une pareille détresse était une loque. Une loque à cause de cette morsure, une loque à cause de cette fille.

- Bonnie…

De ses lèvres tremblantes s’échappaient ce nom pour la première fois depuis des semaines. Il ferma les yeux, une grande inspiration balaya ses poumons le poussant ainsi à se calmer. Lorsqu’il reprit ses esprits, Kang Cheol s’habilla.  Il enfila son plus beau costume mais pas de chemise cette fois-ci ; le col roulé était de rigueur pour ce qu’il s’apprêtait à faire. D’un rapide coup d’œil dans la chambre il vérifia l’heure qu’affichait son réveil. Avec une dynamique plus qu’habituelle pour l’homme d’affaire il quitta la maison sans se retourner, la confiant aux bons soins de sa femme de ménage qui demeurait surprise de le voir partir si promptement.



Bonnie était un corps sans vie depuis plusieurs semaines. Elle mangeait à peine, ne voulant effacer le goût de Cheol encore présent sur son palet. Pourtant la culpabilité l’étouffait tous les jours un peu plus mais elle ne pouvait rien y faire. Elle ne sortait plus, ne s’amusait plus. Une âme en peine.
Elle était rentré au petit matin, le lendemain de cette horrible soirée. Ses parents n’avaient pas posés directement de questions, ils avaient les réponses sans qu’elle ne leurs donne. Le rejet de l’autre était monnaie courante ici-bas.  Ainsi sa famille voyait Bonnie s’enfoncer dans un désarroi totale. Kang Cheol n’était pas la principale raison, c’était un facteur il est vrai cependant ce n’était pas lui qui avait fait découvrir à Bonnie sa vraie nature : c’était elle. Le fait d’être un monstre, de se sentir comme un monstre semblait la chose la plus douloureuse pour la jeune femme. Ses crocs avaient lacérés pour la première fois une jugulaire, celle de celui qu’elle aimait qui plus est. Elle n’avait pas d’excuses. Son acte la hantait jour et nuit. Fermer les yeux était insupportable car les images tapissant ses paupières étaient celles de la nuque de Cheol tressautant sous ses canines. Cela allait la poursuivre jusqu’à la fin de ses jours…
Pour ne plus blesser personne il était donc nécessaire qu’elle s’isole. Un vampire ne pouvait vivre normalement.
Enfermée dans sa chambre, la jeune fille dépérissait.  
Lors d’une nuit douce de printemps la sonnette retentit. Ayant refusé de s’expatrier pour quelques jours avec ses parents et ses frères et sa sœur à Jéju, Bonnie demeurait sous la surveillance du médecin de la famille ainsi que la gouvernante. Madame Branford, vampire de second rang, avait chéri les petits Kingsleys comme ses propres enfants. C’était une de ces dames rondes, aux traits gracieux et la bouche coquine dont le caractère était plus tenace que n’importe quel diamant. Après avoir essuyé un « non » ferme de Bonnie concernant son repas, Madame Brandford s’affairait à ranger le pack de sang au frigo. Les glaçons servant à garder la poche au frais se répandaient dans l’évier en émettant un concert infernal tandis qu’on sonnait à la porte.
De son regard d’aigle Madame Brandford regarda l’horloge figurant sur le mur. Deux heures du matin. Monsieur Kingsley serait rentré plus tôt que prévu pour affaires ? Un deuxième coup sur la sonnette. C’était bien trop persistant pour que cela soit Edgar. Tout en essuyant un verre détrempé d’une main munie d’un chiffon impeccable, Madame Brandford alla ouvrir la porte. L’homme qui se tenait sur le perron lui était inconnu et cela lui déplaisait déjà. L’observant de haut en bas, Madame Brandford s’adressa à lui de façon désinvolte.

- Qui êtes-vous monsieur ?
- Je… je m’appelle Kang Cheol. Je dois absolument voir Bonnie.


Haussement de sourcil du côté de la domestique. Ce briseur de cœur se pointait après avoir dévasté la pauvre petite ? Tout en voulant resté polie Madame Brandford se racla la gorge violemment. Elle était prête à renvoyer le garçon avec une de ses phrases si bien tournées.

- Ecoutez-moi bien, vous avez brisé notre pauvre petite Bonnie. Elle est actuellement en convalescence et je ne peux pas vous laissez entrer.
- Comment ça en convalescence ? Comment vat-elle ?!


Une véritable lueur d’inquiétude s’éclaira dans les prunelles d’onyx du jeune coréen. Madame Brandford ressentit un bref pincement au cœur ; il n’était pas là pour rien. Ses tempes dégoulinaient de sueur, son rythme cardiaque affolé révélaient la course qu’il venait de réaliser pour parvenir jusqu’ici.  La jeunesse fait parfois faire des bêtises, Madame Brandford le savait. Toujours sur la retenu elle s’adressa de nouveau à lui.

- Pourquoi êtes-vous venu Monsieur ?
- Parce que je dois lui présenter des excuses. Je ne sais si vous êtes une créature comme elle mais je mesure mon erreur. Je dois lui parler. Elle me manque et je crois que au final je serais capable d’endurer sa situation.


Un ange passa. Madame Brandford sentait toute la sincérité dans cette voix sombre néanmoins elle cachait autre chose.

- Vous ne me dites pas tout. Je vous préviens ! Je vous laisse voire Bo à condition que vous me parliez de tout.

Kang Cheol avala sa salive tout en triturant nerveusement son col.

- Sa morsure m’a bouleversé. Je… je ne saurais l’expliquer mais je vous assure que je suis profondément perturber et que je ressens vraiment un manque vis-à-vis de Bonnie.

En entendant cette simple parole la sagesse de la vieille femme refit brutalement surface.

- Si ce qu’elle vous a fait à créer une dépendance c’est que vous êtes le bon. Rentrez.

Madame Brandford s’écarta enfin de l’entrée permettant ainsi à Kang Cheol de pénétrer dans l’immense bâtisse au style étrangement victorien. Emerveillé par ce qu’il découvrait le jeune homme ne vit pas la gouvernante filé au premier. Il déambula ainsi du vestibule à la cuisine, puis le salon donnant une vue plaisante de Séoul. Il soupirait en observant les petits points lumineux qui s’agitaient tel des fourmis au beau milieu de la jungle urbaine. Son observation sembla durer une éternité tant et si bien qu’il n’entendit pas qu’on l’appelait. Madame Brandford, penché contre la barrière des escaliers, le conviait à rejoindre Bonnie dans sa chambre. Kang Cheol ne se fit pas prier et fila à toute allure dans la pièce indiquée.
Elle était sombre, étouffante. Les lourds rideaux rendaient l’atmosphère encore plus pesante ; on aurait dit que toute vie avait quitté l’endroit. Contre le mur, un énorme lit posé sur une légère élévation, surplombait toutes choses traînant par terre. A peine eut il poser un pied sur la moquette qu’il remarquait une silhouette inerte recroquevillée sur les draps.

- Tu n’aurais pas dû venir.

Elle avait parlé simplement d’une voix d’outre-tombe. Celle qui fait peur, celle des mourants. Kang Cheol ne se dégonfla pas et alla s’asseoir sur le bord du lit. Le visage qu’il découvrit l’effraya. Les joues creuses, les canines totalement sorties débordant sur de pauvres lèvres violacés et d’énormes cernes d’un bleu abyssal. Son premier geste fut de venir caresser les boucles chocolat envahissant l’oreiller sur lequel elle reposait.

- C’est à moi d’en décider.
- Tu avais raison. Je suis un monstre


Cette  phrase emplit de larme avait peiner à filtrer de la bouche gercée de Bonnie. Ne voulant plus se nourrir sa forme physique se dégradait peu à peu mais boire à nouveau du sang était impensable.

- Je me suis trompé. J’ai été idiot et je t’ai jugé trop vite. On devrait en discuter.
- Pour que tu me repousses une seconde fois ? Je t’ai mordu et j’ai adoré ça. Chaque gorgée était un véritable bonheur ! Je me réjouissais alors que tu souffrais ! Je ne veux pas de ça.


Elle leva vers lui des yeux pleins de larmes. Fallait-il être sadique ? Ou bien dépourvu de conscience désormais ? Bonnie voulut bouger pour s’éloigner de Cheol mais en vain. Lui, qui sentait si bon, la retenait avec force. Tout en la soulevant Kang Cheol l’installait contre lui.

- Bonnie, je veux que tu me mordes.
- T’es totalement dérangé. Ou alors tu veux une preuve pour montrer aux journalistes.


La volonté de se débattre était forte mais ses membres eux étaient faibles. Immobile, Bonnie fixait d’un regard vide l’homme lui faisant face.

- Je t’assure que non. Je veux que tu me mordes parce que j’ai aimé ça.
- Tu mens.
- Bonnie pourquoi je mentirais ?
- Pour me manipuler.


Un soupire fatigué échappa à Kang Cheol. Il abattit alors sa dernière carte en écartant brusquement le tissus recouvrant son cou.

Une vague d’odeur envahit immédiatement Bonnie. Ses narines palpitaient d’un feu nouveau et il était impossible de fuir cette soudaine tentation. Transportée dans ce tourbillon dévastateur et la faim tenace l’animant depuis trois bon jours la jeune fille céda.  
La bouche béante elle se rua avec le peu de force lui restant sur Kang Cheol qui s’offrait à elle. Lui, ne bougea même pas ; il ne voulait pas la déranger. Tous deux eurent un sursaut de plaisir lorsqu’enfin les crocs plongèrent dans la chaire rosie. Subjugué, Kang Cheol retenait un râle de plaisir tout en caressant les boucles brunes de Bonnie. La vampire affamée buvait avec délice le repas qu’elle avait mérité. Le sang était sucré, poivré, acide. C’était indéfinissable tant il rassasiait la vorace.
Les minutes défilèrent. Le tic-tac de l’horloge rythmait le corps à corps pourtant étrange de ces deux êtres.  Bonnie s’éloigna enfin de son partenaire qui dans l’épuisement s’affaissa davantage dans le lit. Retrouvant une soudaine énergie Bonnie le retint à son tour.

- Qu’est-ce qui t’as pris de faire ça !?

Un sourire enchanté éclairait le visage du jeune homme. Il nageait dans un pure bonheur.

- Je te l’ai dit : j’ai adoré ça.
- Tu es vraiment pas net comme mec
.

Kang Cheol riait. Un rire doux profondément affectueux ; non il ne la jugeait pas au contraire elle lui faisait plaisir à réagir de la sorte. Surplombant son aîné, Bonnie caressa la joue de Kang Cheol.  Elle sentit sa chaleur et ses veines qui battaient sous sa peau. Leurs regards se croisèrent tandis que Bonnie reprenait un visage normale. Ses pommettes réapparurent, sa bouche ainsi que son visage eurent à nouveau un aspect plus rosé et évidemment les canines se firent beaucoup plus discrètes. Se sentant revivre, Bonnie remit les choses en place dans sa tête à vitesse grand v. Tout en se perdant dans les yeux passionnés de celui à qui elle faisait face, l’étudiante se réinstalla correctement sur le matelas. Kang Cheol souriait encore et il se redressa à l’aide de coussins.

- Tu veux qu’on discute alors ?
- Je suis venu pour ça.
- Et pour la morsure ?
- Oui, tout ce que je t’ai dit je le pensais. Je m’excuse sincèrement pour mon attitude et je te promets que ça n’arrivera plus. Je veux apprendre à te connaître tout comme ton monde.
- Pourquoi ce changement d’avis ? Se méfia Bonnie en croisant les bras sur sa poitrine.
- Parce que si j’ai aimé ce que tu m’as fait c’est sans doute pour une bonne raison et puis tu me manques Bonnie.

Il se confessait sans barrière ni chichi. Cet homme si secret que personne jusqu’ici n’avait vu se dévoilé s’exprimait plus clairement que jamais face à celle qu’il désirait réellement. Kang Cheol ne savait pas si c’était la bonne attitude à avoir mais il était déterminé à rester lui-même.
Bonnie fit mine de réfléchir, elle s’agita paisiblement, tordit la bouche avant d’ajuster ses cheveux d’un mouvement de tête portant sur la gauche. Sa cascade brunâtre s’épanchait ainsi plus joliment sur son épaule gauche.

- D’accord. Parlons !

Confortablement installé de part et d’autres du lit, ils se regardèrent avec une pointe d’amusement dans le regard.

- Que veux-tu savoir ?
- Pas grand-chose. Déjà pourquoi une date pour la transformation ?
- Cela permet de déterminer une phase cellulaire propice à changement. Ça dépend des personnes et cela peut arriver tôt ou très tard.
- Je vois… C’est douloureux ?


Question piège. Bonnie se mordit la lèvre en regardant ailleurs.

- Tout dépend de comment s’est fait. Dans mon cas on me transfuse du sang de vampire pure à petite dose pour que le passage se fasse en douceur sauf que ça ne marche pas comme ça à chaque fois.
- C’est-à-dire ?


Kang Cheol était de plus en plus curieux à mesure que la conversation avançait et ce n’était pas prêt de prendre fin. Bonnie, quoi que surprise, appréciait ce soudain intérêt et s’employait à expliquer du mieux qu’elle pouvait. Elle se racla la gorge bruyamment tout en enchaînant sur la dite question.

- J’ai un grand-frère du nom de Jim. Je pense que tu en as déjà entendu parler par mes parents ou Rick et henry.
- C’est exact.
- Eh bien, Jim se trouve actuellement dans un état proche du coma.


Kang Cheol haussa un sourcil malgré lui. Il rongeait son frein en attendant d’en savoir plus mais toute sa tension transparaissait par son corps. Chaque muscle s’était tendu brusquement.

- Jim a dû être soumis à la transformation à l’âge de vingt-deux ans mais les délais étaient très court. Si tu ne deviens pas vampire une fois la date passé alors tu peux mourir. Mes parents s’y sont pris tôt en ce qui me concerne parce que nous savions la date butoir dès l’été dernier. Mais…
- Mais pour Jim ça ne s’est pas passé comme ça ?
- Non, pas exactement.


Bonnie baissa les yeux pour fixer ses doigts qu’elle agitait frénétiquement. Retenant un sanglot, elle affronta le regard soucieux de Kang Cheol.

- Jim voulait profiter de la vie. C’était un jeune insouciant qui se fichait pas mal de nos codes de discrétion ou des dates. Alors qu’il était en période encore transitoire mes parents ont su quel jour serait le dernier pour Jim. Ils ne voulaient pas que l’un de leurs enfants échappent à notre lignée. Ils en ont discuter avec lui et il a finalement décidé de se transformer afin de s’amuser éternellement. Le problème c’est qu’il a fallu l’attacher à une chaise et lui déverser du sang pure pendant deux jours non-stop sinon c’était trop tard. Il a été surveillé et examiné en permanence mais un relâchement de deux petites-heures à eut lieu.  Son organisme était encore trop faible et on ne sait pas si il a pu tout assimilé. Lorsque mes parents sont retournés le voir le deuxième jour il était inerte sur sa chaise…. Ça a été un gros choc pour toute notre famille.

Ne sachant quoi dire face à une telle annonce, Kang Cheol demeurait silencieux. Il vint poser l’une de ses mains sur celle de Bonnie qui tentait d’essuyer des larmes.

- Ça m’a énormément choqué de le voir amorphe sur ce lit en étant petite. Jim était parfois idiot mais je l’adorais parce qu’il me faisait rêver. Il jouait avec moi… Je l’aimais cet imbécile et maintenant on attend tous les jours qu’il se réveille.

Tout en se tournant vers lui Bonnie passa ses doigts entre ceux de Cheol. Ils se fixèrent un instant, un de ces moments ou le temps semble suspendu.

- D’autres questions ?

Confus d’un tel revirement, Kang Cheol secoua la tête pour se sortir de la torpeur dans laquelle il venait de plonger tête la première.

- Euhm… Oui ! Que je devienne dépendant c’est normal ?
- Je n’en sais rien pour tout te dire. Je pense que une fois de plus ça dépend de la personne en question et du lien qu’elle a avec son vampire.
- Ok… Tu pourrais me transformer ?


Bonnie sursauta. Elle ne comprenait pas le sens de sa question et doutait vivement que ce soit une idée à explorer. Tant pis ! Elle devait lui répondre après tout. A l’aide de ses ongles elle entreprit de caresser la paume du petit curieux tout en lui répondant ; cela eut son petit effet.

- Je pourrais oui. Comme tu ne descends pas d’une lignée directe la transformation par rituel est possible bien qu’elle soit très douloureuse de ce que je sache.

Kang Cheol écoutait à moitié, envahi par de multiples frissons en raison des caresses de Bonnie il peinait à demeurer concentrer. Rapidement il retira sa main en lui adressant un regard quelques peu moralisateur. En réponde il n’eut droit qu’à un sourire dont elle seule avait le secret.

- D’accord. Tu peux avoir des enfants ?
- Non.
- Tu peux manger autre chose que du sang ?
- Oui, mais c’est infecte en plus d'être insupportable.
- Et au lit c’est comment ?


Silence. Bonnie d’habitude si blanche vira à un écarlate que Kang Cheol avait rarement vu. Il explosa d’un rire satisfait avant de déposer un baiser sur le front de la jeune fille.

- On aura tout le temps de voir ça plus tard.

Il marquait un point. La Bonnie toute confuse fit une moue des plus agacée, elle n’aimait pas le fait qu’il s’amusait avec elle monsieur « j’ai de l’expérience ».

- Surveilles donc tes arrières au lieu de rire de moi. Lança-t-elle un poil blessé.

Toujours aussi souriant Kang Cheol se fit soudain plus sérieux à la suite de brèves excuses.

- Et nous deux alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?
Interrogea Cheol avec tendresse.

Ce face à face était arrivé au but fixé. Aucun d’eux ne sut ce qui allait se passer mais un étrange ressenti commun prédominait. Se laisser aller ? Se laisser cette chance ? Ils en avaient tous les deux envie alors à quoi bon lutter. Bonnie se laissa glisser contre Kang Cheol avec l’allure d’un chat. L’un contre l’autre ils se soufflèrent quelques mots que personne ne put entendre.
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